Louise Nevelson, "Sans titre", 1959, Donation de M. Daniel Cordier au MNAM / CCI (1989), dépôt aux Abattoirs (1999), bois peint, 70 x 94,5 x 24 cm © Adagp, Paris, 2021, Paris, 2021 ; photogr. Béatrice Hatala / Centre Pompidou – MNAM – CCI, Paris. Distrib. RMN-GP

Artiste / Artisan ?

Présentation de la collection Daniel Cordier

Les Abattoirs présentent une nouvelle exposition de sa collection qui combine aussi bien des oeuvres d’art moderne et contemporain que des créations extra-européennes, des naturalia et des merveilles de la nature. Ce nouvel accrochage pose la question de la définition de l'artiste. Il s'inspire de l'exposition de 1977 "Artiste/ Artisan ?" au Musée des Arts décoratifs de Paris.

Cette exposition pionnière, portée par François Mathey (1917-1993), conservateur en chef, proposait de rassembler dans un ensemble homogène des oeuvres artisanales, des oeuvres d’art contemporain, ainsi que des objets façonnés par la nature.

Pour François Mathey : "L’art est global, indivisible, il n’y a pas de hiérarchies entre ses composantes, seulement des différences de conceptions, de fonctions et d’intentions. L’art “appliqué” est un surgeon stérile quand on le considère isolément, par contre associé, intimement mêlé à toutes les autres créations réputées majeures de l’art, il est le signe de la vitalité contemporaine."

Daniel Cordier et François Mathey se sont côtoyés à Paris dans les années 1970 et ont noué une véritable amitié. Ils ont notamment travaillé ensemble en 1972 pour l’exposition 60-72. Douze ans d'art contemporain en France au Grand Palais. Ils partageaient également le même point de vue sur la question Artiste/ Artisan. Dans un article intitulé François Mathey et les collectionneurs : Une exposition emblématique(2014), l’historienne de l’art Brigitte Gilardet cite Daniel Cordier : "[…] J’ai fait une nouvelle donation d’objets « primitifs » à Toulouse, […] Il y en a environ 500. Ce sont des objets qui doivent être présentés en même temps que l’autre donation, pour moi cela fait un tout, c’est la même chose : amener un objet primitif à Beaubourg, c’est intéressant."

Dans la collection de Daniel Cordier la frontière entre Artiste et Artisan est ténue, avec des oeuvres dites d’art contemporain et des oeuvres dites artisanales qui se côtoient sans hiérarchie. Pour citer l'exemple du travail du bois, on trouve des bois de rêve façonnés par la nature, des crémaillères de foyer façonnées par des artisans japonais, mais également des assemblages de bois de l’artiste Louise Nevelson.

Daniel Cordier et François Mathey sont deux figures de l’art du XXe siècle qui illustrent bien le rôle de la collection, privée ou publique, de l'amateur et du collectionneur, du conservateur et de l'historien, dans le regard que l'on porte sur ces objets. Aujourd'hui, avec cette exposition, les Abattoirs valorisent la collection de Daniel Cordier en suivant les idées qui lui tenaient à coeur et en respectant ces valeurs. Ce nouvel accrochage est également présenté au côté d’artistes de la collection des Abattoirs qui empruntent à l’artisanat.

Cette question d'une définition élargie de l'artiste traverse  la programmation des Abattoirs  de décembre et janvier avec La Déconniatrie. Art, exil et pychiatrie autour de François Tosquelles et La Dame à la licorne. Médiévale et si contemporaine.

Avec les artistes : Becky Beasley, Katinka Bock, Sabine Anne Deshais, Claire Falkenstein, Yolande Fièvre, Louise Nevelson, Edith Raymond, Jean-Michel Meurice, Richard Stankiewicz, Nicolas Valabrègue, Claude Viallat et les artistes inconnus d’Afrique du Sud, Birmanie, Chine, Ethiopie, France, Indonésie, Japon, Niger, Nigéria et d’Ouzbékistan

L'exposition en images