Armand Jalut, "The Secretary Blouse"
Consacrée aux travaux récents d'Armand Jalut, l'exposition propose, dans la totalité des espaces du Château de Taurines, une traversée dans l'œuvre du jeune artiste. Fidèle à ses obsessions, il y dévoile ses nouvelles peintures en les mêlant à des productions sonores.
Dans l'univers du prêt à porter la "Secretary Blouse" désigne un chemisier classique, si ce n'était la présence d'un large nœud au niveau du col. C'est sous cette appellation qu'Armand Jalut (né en 1976) a décidé de présenter un ensemble conséquent de ses travaux pour son exposition au Château de Taurines. Produites ces derniers mois, ses nouvelles toiles ne sont pas sans rapport avec l'univers de la confection. Elles sont marquées par la présence de machines à coudre, des outils qui se télescopent avec des composants organiques et alimentaires : tranche de pamplemousse, œufs au plat, régime de bananes ou noix de coco. La vision machiniste s'y emboite avec une nourriture chromatiquement flatteuse, mais approximativement entrelacée entre le premier et le second plan. Deux exceptions iconographiques notables voient apparaître un dauphin et deux mouettes. Les profils de bouchon de radiateur des volatiles se disputent par leur angularité avec le biomorphisme de la machine. Leurs silhouettes, au plumage brossé, ne semblent avoir pour seul but que la frontalité de leurs regards, concomitamment voyeurs et autoritaires.
Une fois encore, la peinture d'Armand Jalut se singularise par son iconographie et sa manière. Son catalogue d'images et de motifs de traverse se déploient à travers des formes, des traitements et des touches que l'on placerait du côté du surplus et du fleuri, davantage que de l'épuré et de la retenue. Pourtant la circonspection est de rigueur, elle découle de l'envie irrémédiable de continuer à faire des images davantage que des bravades picturales.
C'est à Los Angeles qu'Armand Jalut a étalonné ses dernières peintures. Dans cette ville, l'artiste a suivi les traces d'un imaginaire sexy "next door". Celui-ci est déployé par la marque American Apparel installée dans la mégapole qu'elle vante dans chacune de ses enseignes. Dans ces réclames, Jalut a d'abord trouvé matière à assouvir sa collectionnite visuelle. Il est ensuite remonté jusqu'à une usine de la marque. Dans ces ateliers "sans sueur" (sweatshop free) qui font la fierté de la marque, l'artiste cherchait peut-être l'incarnation des corps naturels jusqu'au détail qui font le succès des publicités American Apparel. Il en est ressorti avec des modèles mécaniques, et des références industrielles de machines à coudre en attente de rencontre.
A cet ensemble, l'artiste a ajouté une "bande son". Celle-ci a été composée et produite dans un dialogue entre l'artiste et Nicolas Dubosc. Les fragments d'histoires possibles qui s'en échappent sont légions. Ils ont la couleur et les teintes d'un chant de la machine humanisée, une pop artificielle, mais dont les suppléments d'âme sont nostalgiques. Leur teinte est vintage, mais sans date, à la manière de ce ruban au niveau du col, ce cliché décoratif impersonnel qui fait le charme de la "Secretary Blouse".
Informations pratiques
Lieu
Château de Taurines - 12120 Centrès
Entrée libre.
Renseignement :
Tél : 05 65 69 23 01 (Mairie)
Tél : 05 65 74 28 47 (Château)
En dehors de ces horaires :
Association : YaQua & Cie
Tél : 09 61 35 31 60
Tél : 06 17 27 12 72
Publication :
A l’occasion de l’exposition, un disque/catalogue avec des textes de Julien Fronsacq, Benoit Decron et Olivier Michelon sera publié par les éditions B42.