Projection de "Limbo"

Réalisé par Ben Sharrock avec Amir El-Masry, Vikash Bhai, Sidse Babett Knudsen, Kenneth Collard, Lewis Gribben, Grace Chilton et Cameron Fulton, 2020, durée : 104 minutes.

Un groupe de réfugiés se retrouve sur une île perdue d’Ecosse.

Ils sont une dizaine, originaires d'Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient ou d’Asie.

Parmi eux, Omar, un musicien syrien ne se sépare jamais de son oud. Comme les autres, il attend la réponse à sa demande d’asile. Affecté d'une main plâtré, il ne peut jouer. Il erre désœuvré sur l’île avec ses compagnons qui, pour certains, ne se font aucune illusion sur ce que l'exil leur promeL’île est parcourue par les vents, la lande est sous la neige.

Le film est charmant et poétique. Il dépeint de manière burlesque, comme une fable, le quotidien d'Omar et de ses camarades. Ils se confrontent aux habitants de l’île, pour la plupart pêcheurs. Qui ont leurs préjugés ou expriment parfois un soutien surréaliste. Omar, personnage à part entière, passe de longs coups de téléphone à ses parents bloqués en Turquie. Comme une sorte d’être lunaire, il oscille entre lâcheté et courage, espoir et désillusion. Il est rongé par la culpabilité d'avoir abandonné ses proches. On ne découvrira qu’à la toute fin ses talents de soliste.

Le sujet du film n’est pas seulement celui des migrants. Il se lit comme une fable sur le déracinement, sur la situation de l'étranger en constant décalage. Il s’éloigne totalement des fictions misérabilistes que l'on voit souvent. L’œuvre est d'abord soucieuse de narration, de cadre et de mise en scène. Elle présente une histoire et une tranche de vie miniature. Et navigue ainsi entre l’humour à froid et le gris de l’humeur du petit groupe de migrants.