Anecdota - histoires secrètes
Un JDA proposé par Socheata Aing, dans le cadre du prix Mezzanine sud
Socheata Aing figure parmi les trois lauréates de cette nouvelle édition du prix Mezzanine Sud dont les Abattoirs célèbrent les 10 ans. Dans la continuité de son installation immersive Le Jardin, conçue pour l’exposition Mezzanine sud, Socheata Aing nous convie à une soirée d'écoute rythmée par les écritures et les voix de ses invité.es : la critique d’art et curatrice Horya Makhlouf, les artistes Nicolas Puyjalon, Marilina Prigent et Kirana Juan. Chacune et chacun vont lire des textes personnels et poétiques sur le thème de la transmission et du lien impalpable qui les relie à des lieux, à des personnes, ou à des souvenirs précieux. Socheata Aing quant à elle présentera « Pilote de ligne », une performance inédite qui prend la forme d'un récit et parle de l'enfance et de la famille.
Biographie :
Les performances de Socheata Aing résultent d’un mélange d’éléments harmonieusement combinés, que la pratique de l’écriture vient irriguer en profondeur. L’artiste nourrit chaque nouvelle performance d’un récit, très souvent personnel, confié à travers l’écriture dans ses Petites mémoires. Réactivé régulièrement lors de lectures publiques, ce recueil contient également la trame de ses performances et multiplie les invitations aux confidences. Parce que dans les performances de Socheata Aing il est question d’intime et de public, de souvenirs et d’émotions tout à fait personnelles et en même temps fort communes : la tristesse du deuil, la douceur de l’amour, les souvenirs de l’enfance, les colères de l’âge adulte, l’héritage culturel et ses clichés.
L’artiste établit une communication immédiate avec son public grâce aux rituels auxquels il est invité à prendre part, faits de gestes simples et quotidiens tels que couper des oignons, consommer un repas, danser, taper la main. Dans ces rituels, plusieurs univers cohabitent : celui du sport, celui de la fête, ou de la tradition religieuse. Cette communication permet à l’artiste d’ouvrir le proche au lointain, de ne pas demeurer dans une forme d’intimisme autarcique, mais au contraire de faire un monde de ses récits et émotions particulières, et d’y accueillir l’altérité.
Diplômée de l'institut supérieur des arts et du design de Toulouse en 2019, Socheata Aing vit et travaille entre Toulouse et Neuchâtel. Elle a présenté son travail au Capc à Bordeaux en 2023, ainsi qu'au Musée des arts asiatiques Guimet en 2022, à la Maison Salvan à Labège en 2023, au festival des Artistes chez l'habitant à Fiac en 2023, et dans plusieurs autres festivals et lieux culturels. Elle est lauréate en 2024 du prix Mezzanine sud décerné par les Abattoirs, Musée-Frac Occitanie, Toulouse.
Horya Makhlouf est historienne de l’art, critique d’art et co-fondatrice du collectif Jeunes Critiques d’Art. Elle est également coordinatrice artistique et commissaire des projets spéciaux au Palais de Tokyo depuis 2024. Elle écrit pour des artistes, des revues et des institutions artistiques, et a participé aux podcasts L’esprit critique (Mediapart), PQSD (Jeunes Critiques d’Art) et Verni•es (Projets Media). Récemment, elle a été commissaire de « Une Affaire de famille » (CAC Passerelle, Brest, 24.10.2024 – 25.01.2025), du parcours de la Nuit Blanche à Césure (Paris, 2023), et co-commissaire de « LA ELLE », œuvre in situ de Renée Levi (avec Hugo Vitrani, Palais de Tokyo, Paris, 2024).
Marilina Prigent est réalisatrice et constructrice de récits. Née à Mendoza en Argentine, elle a étudié à l’université nationale de Cuyo avant de poursuivre sa formation en France à l’école supérieure des Beaux-Arts de Montpellier, où elle a obtenu son diplôme en 2013. Son travail artistique repose sur la collecte d’archives, de lettres, de photographies et de témoignages oraux, qu’elle intègre à ses vidéos et installations.
Elle se passionne pour la micro-histoire, explorant les récits de vie et les événements associés à des personnages oubliés, ceux qui échappent à la grande Histoire. Dans le cadre de sa résidence au Quartier Culturel, elle développe un projet intimement lié au lieu, s’articulant autour du récit de Sainte Dymphna, patronne de Malévoz. À travers des traces mémorielles et historiques, ce projet vise à interroger la manière dont cette légende résonne et persiste au sein de cette institution. Elle explore également comment ce récit initial se transforme et se réinvente dans le regard de chacun.
C’est tout particulièrement au moyen de la performance que s’exprime le travail de l’artiste toulousain Nicolas Puyjalon (né en 1983). L’artiste définit tout d’abord un territoire à l’aide d’un ruban adhésif, puis érige des édifices chancelants, constitués de matériaux de récupération, joyeux fatras bariolé, pour s’exécuter dans des actions, quêtes dramatiques et grotesques, vouées à l’échec et au ridicule. Son corps, outil majeur de son travail, conformément à la tradition du médium, fait preuve de maladresse, mais aussi d’obstination et d’effort et il est finalement frappé d’épuisement.
Une veine poétique, teintée d’humour et de mélancolie, se dégage de ces actions, opérations irréalisables dès le départ, que l’on peut retrouver dans les partitions que Nicolas Puyjalon réalise en adoptant plusieurs techniques : l’écriture, le dessin ou le collage. Sans céder à la représentation, les éléments de composition de ces partitions, pièces autonome s’adaptant aux différents contextes de réactivation, décrivent un espace imaginé et sensible et permettent de spatialiser le mouvement, à partir de l’analogie entre la feuille et l’espace.
Kirana Juan est un•e artiste plasticien•ne vivant et travaillant à Toulouse. Iel a été diplomé•e de l'institut supérieur des arts et du design de Toulouse (isdaT) en 2024 et fait parti•e du collectif Graviè•re. Son travail est initié par l’écriture et se développe à travers la performance, l’installation et l’édition. Iel traite de questions découlant de ses différentes identités et intersections en partant de l'intime afin de tisser des liens avec le collectif. À travers une hybridation de langue courante, inclusive, théorique et poétique, iel cherche à cristalliser la poésie provenant du brut.