Anatomie des territoires

Entre voyage et récit, l’imagerie cartographique réinvestit sa puissance imaginaire pour mieux évoquer le rapport de l’homme à son monde. Espace mental et espace physique s’entremêlent décrivant ainsi une nouvelle "Anatomie des Territoires".

"Si la carte s’oppose au calque, c’est qu’elle est toute entière tournée vers une expérimentation en prise sur le réel. La carte ne reproduit pas un inconscient fermé sur lui-même, elle le construit." (Gilles Deleuze, Felix Guattari in Mille Plateaux)

C’est à partir de la reproduction de la Table de Peutinger conservée dans les collections du musée départementale de Saint-Lizier que s’est construit cette exposition. En effet cette représentation spatiale d’une cartographie unique en son genre et copiée à différentes époques nous permet au travers des oeuvres de la collection contemporaine des Abattoirs - Frac Midi-Pyrénées d’évoquer la vision spatiale d’un territoire et son appropriation par le visiteur d’une manière pluridiscipliaire qui va de la simple cartographie classique en deux dimensions à une vision plus imaginaire auxquels peuvent nous conduire les artistes contemporains.

Entre voyage et récit, l’imagerie cartographique réinvestit cette puissance imaginaire pour mieux évoquer le rapport de l’homme à son monde. La carte lieu de mémoire, de pouvoir se fait aussi reflet du microcosme qu’ est le corps humain. C’est pourquoi à cette oeuvre majeure de la cartographie viennent donc s’adjoindre des cartes anciennes conservées aux archives départementales de l’Ariège et d’ailleurs comme "la carte du tendre" de la BNF ou "l’Horloge d’Amour" de l'artiste Titi Parant. Le corps se fait alors carte comme le soulevait Léonard de Vinci qui souhaitait via la dissection créée une cosmographie inspirée de Ptolémée.

Plus tard se sont les caricaturistes qui s’attachèrent à créer des cartographies des passions humaines et des luttes de pouvoirs.

Différents ensemble ont ainsi été constitués pour suivre la muséologie de la collection permanente du Palais des Evêques.

Au premier étage, seront installées deux oeuvres qui participent à cette vision imaginaire ou mouvante du paysage avec Valère Coste et Maria Bathelemy.

Au second étage deux groupes feront échos à l’accrochage des collections traitant du régionalisme et du paysage.

Pour le premier groupe seront accrochés les oeuvres de Ben, Arthur Tjatijarra Robertson, Françis Boisrond, et pour le second dans la salle évoquant le paysage Jean-David Saban, Jean-Pierre Velly et Ilan Wolff.

Enfin la salle d’exposition temporaire accueillera un ensemble de la collection des Abattoirs - Frac Midi-Pyrénées ouvrant sur la notion des nouveaux espaces de conquête de l’homme contemporain. Alain Jacquet, Basserode, Joan Duran nous ameneront aux portes de ces nouvelles frontières et de ces nouveaux territoires à conquérir. Tandis que Didier Marcel, Corinne Sentou et Ange Leccia (en extérieur) marqueront l’exploration de nouveaux territoires tout en remettant en question notre appréhension de l’espace.

Ainsi au fil de cette exposition pourront être abordés au regard de ce témoignage de Peutinger des oeuvres d’artistes contemporains dont l’exploration du monde nous amènent à nous interroger sur les questions de représentation d’espace, de réseaux mais également d’une façon plus globale d’identité ou de frontières qui questionnent le monde actuel. Espace mental et espace physique s’entremêlent décrivant ainsi une nouvelle Anatomie des Territoires.

"N’accusait-on pas d’impiété la cartographie par ce qu’elle tentait, en produisant la Çurat al-ard (l’image de la terre), d’imiter et d’égaler l’acte créateur de Dieu, parce qu’elle brouillait l’unité divine en multipliant les calques de sa diffusion terrestre?" ( Denis Briand in Petite altas des Imitations du monde)