Ressources humaines

La ville d’Auvillar participe à une première exposition des collections du Frac Midi-Pyrénées, dans le Tarn-et-Garonne. Dans la chapelle du Port, les œuvres de Marc Desgrandchamps, William Mackendree, Daniel Schlier, Gérard Traquandi, Rirkrit Tiravanija se côtoient sous le titre ambivalent de Ressources humaines.

Les peintures présentées dans la chapelle du Port, “fenêtres ouvertes sur le monde”, prennent tout leur sens au regard de la spécificité de La maison Dom-ino de Le Corbusier. Dès le début du XXe siècle, l’architecte conçoit un habitat novateur dont les spécificités étaient de jouer sur les ouvertures et la modularité. Rirkrit Tiravanija, en transposant cette ossature architecturale par l’utilisation de matériaux plus légers, libère un peu plus la spatialité de la structure et y ajoute de la mobilité. Les peintures ont été choisies pour leur résonance avec l’extérieur immédiat de la chapelle : l’esplanade, la Garonne, le pont, mais pas seulement. Tel un palimpseste, les oeuvres se superposent aux fresques présentes dans la Chapelle et l’installation Dom-Inodevient un point de vue, une maison-musée ouverte, propice à la contemplation des oeuvres.

L’art est envisagé comme un territoire et sa lecture comme une action. L’hôte, l’artiste, le visiteur aurait pu être le titre de l’exposition, mais Ressources humaines est avant tout envisagé ici comme l’expression d’un potentiel de richesses qui démultiplie les axes d’échanges entre les individus. La personne se place au coeur de l’exposition dans une interaction entre les oeuvres et événements. La chapelle du Port, architecture simple et particulière, offre un territoire ouvert liant une spiritualité locale à celle guidant les pèlerins sur les chemins de Compostelle. Le site, naturel et industriel, a également orienté ce choix de peintures grands formats, entre rappels formels évidents et une symbolique indirecte mais toute aussi évidente. Au centre de la chapelle, la structure de Rirkrit Tiravanija devient plateforme de partage et d’échange, lieu intimiste et chaleureux. Le bois et l’absence de cloison invitent à la détente et confèrent à cette oeuvre une atmosphère unique dont le visiteur devient l’acteur principal. N’oublions pas que Dom-Ino, terme inventé par Le Corbusier, est une contraction de domus la maison en latin et de ino pour innovation. La présence d’une cuisine à l’intérieur même de l’oeuvre bouleverse dans son pragmatisme les codes de l’art tout en dépassant “une petite cuisine interne ”... Voilà une oeuvre à vivre et un espace à éprouver.

Ressources humaines, plateforme ludique, généreuse et libre d’activation.
En deux mots : radieuse-active.

Programme des événements liés à l'exposition

Tout au long des mois de mai et juin, nous proposons pour accompagner et partager vos réflexions autour des œuvres de cette exposition, des rendez-vous le week-end : Formation discontinue.

En entrée libre, ces temps de d’échanges s’apparentent à un cycle de rencontres programmé à l’intérieur de la structure conçue par Rirkrit Tiravanija, par le biais de conférences ou d’ateliers. Les intervenants, professionnels ou particuliers, proposent de réactiver la notion d’esthétique relationnelle. L’expression esthétique relationnelle a été forgée par le théoricien Nicolas Bourriaud dans les années 1990. Après la société de consommation, après l’ère de la communication, l’art contribue-t-il à l’émergence d’une société relationnelle ? Pour Nicolas Bourriaud il semble bien que derrière la richesse et la diversité des pratiques artistiques une esthétique commune s’exprime : celle de la rencontre, de la proximité, de la résistance au formatage social.

Dans la chapelle, l’œuvre Dom-Ino deviendra ainsi une plateforme ouverte, un espace forum où publics (auvillarais, touristes, pèlerins...) et acteurs culturels locaux, départementaux, régionaux, échangeront et partageront autour des œuvres présentées.

Formation discontinue vous invite à 18h :

- le 5 mai : Loren et sa fille Eva, avec Las tortillas relax, improvisent un atelier consacré à la préparation de tortillas, véritable héritage matriarcal (tortilla clasica, tortilla verde, tortilla del norte).

A Auvillar, le rendez-vous Las Tortillas relax, rappellera de façon plus modeste mais tout aussi chaleureuse, et dans la continuité d’une volonté d’un partage de patrimoine culinaire culturel ce  fameux samedi 7 avril 2012,  ou de midi à minuit en accès gratuit s’est tenu à Paris au Grand Palais Soup/No Soup, de Rirkrit Tiravanija. En effet l’artiste a été invité à transformer la Nef du Grand Palais en un gigantesque banquet festif dont le menu consistait en une soupe Tom Ka. Ainsi sur le site du Grand Palais pouvait-on lire : « En créant et recréant des micro-communautés l’artiste puise toute l’énergie artistique dans les liens et les relations qui se nouent entre les participants dans ses projets. De spectateur passif, le visiteur devient acteur d’une œuvre en devenir. Fondé sur l'altérité, le nomadisme et le déplacement des signes et des contextes, le travail de Rirkrit Tiravanija est le plus souvent composé de points de rencontre, de communication et d'échange. Cherchant à abolir la frontière entre l’art et la vie, l’artiste défie constamment les attentes, le statut et la forme de l’œuvre d’art. La production artistique originale, protéiforme et inclassable de cet artiste cosmopolite est acclamée sur la scène internationale depuis une vingtaine d’années. Ayant depuis longtemps renouvelé les codes de l’exposition et de l’espace, Rirkrit Tiravanija a rendu obsolète la dichotomie entre installation, sculpture et performance. »

- le 12 mai : Vanessa Stix offrira au public un Instant détente par des soins corporels, visage, pieds, mains.

Dans la structure de Rirkrit Tiravanija, il y a de quoi se restaurer, regarder un DVD, des tapis de sol pour s’allonger… Aussi, il nous a paru judicieux au regard de la tradition endémique des Chemins de Saint Jacques de Compostelle de proposer un « Instant détente » aux marcheur, aux visiteurs, venez apprécier les œuvres et profiter sereinement de l’exposition  le samedi 12 mai à partir de 18h.

- le 13 mai : l’association VCCA-France (l’antenne française du Virginia Center Créative Arts), installée Moulin à Nef à Auvillar, dans le cadre de La Résidence présentera la résidence en cours de jeunes peintres américains de la J. Madison University, étudiants d’Agnes Carbrey.

Agnes Carbrey, professeur d'arts plastiques, Université James Madison, Virginie, et ses élèves présenteront leurs photographies de la région, prises de vues issues de leur recherche autour de la peinture en plein air. Venez rencontrer ces peintres et assistez à la présentation de leurs projets.

- le 20 mai : l’atelier de Marilyn Kallet, de l’association VCCA-France, proposera des lectures de poésie.

Dr. Marilyn Kallet, poète, professeur, directrice du programme d’écriture originelle à l’université de Tennessee, et les poètes qui travaillent dans son atelier - « Goûter et voir en France Profonde » - vous exposerons des poèmes en anglais et en français. La plupart des poètes participant sont eux-mêmes auteurs, professeurs, et journalistes.  C’est la cinquième fois que Marilyn Kallet intervient à Auvillar, et la quatrième fois qu’elle dirige cet atelier. Elle est l’auteur de quinze livres-poèmes, traductions des poèmes de Paul Eluard et Benjamin Peret, contes pour les enfants et anthologies. Elle aime énormément Auvillar et admire les gens qui habitent dans le village; elle les remercie chaleureusement pour leur amitié, et leur hospitalité.

- le 26 mai : Valentine Boé, directrice coordination et développement de La cuisine, centre d'art et de design basé à Nègrepelisse présentera les activités du centre ainsi que l’exposition Citations du designer Alexandre Moronnoz.

Cette proposition de rencontre à l’intérieur de la structure de Rirkrit Tiravanija s’inscrit dans cet esprit de convivialité, tout en donnant l’opportunité de présenter les actions d’autres lieux  d’exposition du département.

La cuisine, initiée par la ville de Nègrepelisse, est le seul centre d’art et de design du Tarn-et-Garonne. Cet espace prospectif de production, d’exposition et de débat dédié à la création artistique contemporaine questionne par sa thématique sur l’alimentation les us et coutumes de la table et les enjeux de la création artistique appliquée à un territoire. Le centre propose ainsi un programme de résidences, d’expositions et d’éditions.

Cette année, La cuisine a invité le designer Alexandre Moronnoz à réfléchir à la qualification des berges de l’Aveyron. Après une collecte d’informations auprès de la population, réalisée en collaboration avec l’archiviste Olga Ponchet, il nous présente trois projets dans trois villes en Pays Midi-Quercy : Nègrepelisse, Cazals et Saint-Antonin-Noble-Val.

- le 2 juin : Serge Comba nous en dira plus sur son concept de Patrimoine ludique et sur les jeux qu’il a édités : Arriala, le jeu sur le Canal de Garonne, Columba, le jeu sur les pigeonniers et Vignobles, le jeu sur les vins du Sud-Ouest.

Patrimoine ludique :

Construction du Canal latéral à la Garonne, développement du petit patrimoine architectural dans nos campagnes, production de vin dans le Sud-Ouest… Voici des sujets qui font l’Histoire du territoire, les histoires des anciens, la richesse de la culture régionale, le bonheur de conteurs. On s’attend moins à retrouver ces thèmes dans des jeux de société. Et pourtant, c’est cela que proposent les Editions Ludocom.

Ici, vous incarnerez un maître d’œuvre du XIXe siècle, envoyant ses ouvriers bâtir la partie tarn-et-garonnaise du Canal des Deux Mers. Là, déjà bien établi dans le Royaume de France du XVIIe siècle, vous construirez les plus beaux pigeonniers pour étendre votre puissance au cœur des terres. Ou bien là encore, vous arpenterez la grande région pour assembler des cépages ancestraux et produire les meilleurs vins parmi les appellations du Sud-Ouest.

Ludocom développe et édite des jeux qui vont chercher leurs sources dans le patrimoine régional. A l’origine et comme autre point commun, ces jeux ont tous gagné le premier prix du Concours de Création de Jeux organisé par le Festival du Jeu en Tarn-et-Garonne organisé chaque année fin septembre ou début octobre. Les 29 et 30 septembre 2012 à Saint-Sardos, le public découvrira parmi les 5 jeux finalistes, un des prochains jeux édités par Ludocom. Le thème de l’année propose aux auteurs en compétition de réinventer une partie de notre Histoire : imaginez que le Trésor des Templiers ait réellement existé et qu’il soit caché quelque part sous nos pieds... Et pourquoi pas à Auvillar ?

Le 2 juin à 18 heures, Serge Comba vous présentera les jeux Ludocom, les projets et les initiatives ludiques pour une autre façon d’aborder le patrimoine.

- le 3 juin : de 15h à 20h installation sonore Sièges d’At/tension d’Anne Santini, conçue à partir du livre Abonder d’Antoine Dufeu et activée par le collectif de lecteurs 1group à 18h.

installation Sièges d’at/tension d’Anne Santini

Il s’agit de fauteuils munis de casques d’écoute.

Lorsque l’on s’installe, une lecture commence: un extrait d’Abonder d’Antoine Dufeu.  Abonder, publié aux éditions Nous en 2010, est une poésie politique sur le doute et l’immobilisme subis face à l’économique : on s’assoit, mais on voudrait bien bouger…

Les extraits sont lus par le collectif de lecteurs 1group. Allant du néophyte volontaire au professionnel aguerri, les propositions brutes et sans habillages sonores portent chacune une part d’Arthur Gonzales-Ojjeh, le personnage d’Abonder. La durée d’écoute de chaque siège oscille entre 2 et 7 minutes, l’ensemble approche les 40 minutes.

Une première forme Salle d’at/tension, avec 8 sièges d’Emmaüs, des sacs à motif euros et une fontaine à eau disposés sur un tapis d’habits, à fait l’objet d’une exposition à la Plateforme d’Art de Muret en septembre/octobre 2011.

Le dimanche 3 juin, est présentée une nouvelle forme Sièges d'at/tension à la Chapelle du port à Auvillar. En tant qu'objet collectif aux différentes passerelles, Sièges d’at/tension s'installe tout légitimement dans l'aventure de Ressources Humaines. Le collectif 1group interviendra à 18h par une lecture publique dans l'installation.

Ce travail a  reçu le soutien de la DRAC Midi-Pyrénées grâce à l’aide individuelle à la création 2011.

- le 10 juin : Cheryl Fortier, directrice résidente, VCCA-France, évoquera les activités de l’association VCCA-France et présentera le Moulin à Nef, résidence d’artistes d’Auvillar.

Cheryl Fortier, directrice résidente du Moulin à Nef/VCCA-France, parlera de la programmation VCCA à Auvillar et à Amherst en Virginie. Des résidences internationales pour les artistes professionnels sont offertes sur les deux sites. Elle annoncera également le Prix Résidence Moulin à Nef, une résidence donnée à un artiste professionnel de la région Aquitaine ou Midi-Pyrénées. Pour plus d'informations sur VCCA,  organisation culturelle sans but lucratif et VCCA-France, association loi de 1901, visitez vcca.com ou vcca-france.com.

- le 16 juin : Yvan Poulain, du Musée Calbet à Grisolles, présentera la conférence Comme à la maison, consacrée à la notion d’habitat dans l’art contemporain.

Yvan Poulain se propose d'illustrer les rapports étroits entretenus entre la création artistique contemporaine et l'architecture. En visitant ainsi les liens qui unissent l'art et la maison, cette conférence tente d'aborder par le champ artistique des questions actuelles touchant en vrac à l'écologie, à l'utopie moderniste, à l'aménagement du territoire ou à la mémoire collective. Une conférence-découverte encore, qui présente un panorama insolite de la jeune création, des années 1970 à nos jours.

- le 17 juin : l’artiste Lucie Laflorentie proposera une déambulation tractée en écho au Cinéma atmosphérique.

«Si l’on définit le paysage comme ‘un morceau d’espace légitimé par une culture’ (P.Sansot), ou ‘une portion d’espace analysée vi­suellement’ (P.George), c’est-à-dire par son aspect de fragment et par son élaboration, le découpage et le cadrage sont à l’évidence de ces «gestes» qui détachent un morceau d’espace pour le désigner comme paysage. Il y aurait donc une capacité du cinéma à présenter des paysages

Jean-Louis Lentrat, Paysage au bord de l’évanouissement.

...et n’y aurait-il pas dans le paysage la capacité de nous donner l’illusion dans nos déplacements d’être au cinéma ?

«Le travail de Lucie Laflorentie s’est fondé sur l’articulation entre son approche du dessin et son expérience du paysage.

Hors de l’espace confiné de l’atelier la jeune plasticienne réinterroge sa perception de l’espace, pose un rapport mouvant entre elle et l’environnement. De la fenêtre ouverte sur le monde au cadre omniprésent, Lucie Laflorentie ne cesse de déconstruire et reconstruire l’unité de l’image dans une mise en espace particulière
Bernadette Morales.

- le 23 juin : Sébastien Penari, de l’association de Coopération Interrégionale “les chemins de Saint-Jacques de Compostelle”, proposera une causerie impromptue sur l’itinérance, le voyage sur les chemins de Compostelle, l’hospitalité, l’esprit des lieux, au travers de lectures et d’échanges avec Jean Christophe Deydier.

L'Association de Coopération Interrégionale «Les chemins de Saint-Jacques de Compostelle» (ACIR COMPOSTELLE) a été fondée en 1990 à l'initiative du Conseil Régional Midi-Pyrénées, avec le soutien des régions Aquitaine et Languedoc-Roussillon.

L’association agit pour la revitalisation culturelle et l'animation des chemins vers Compostelle. L’ACIR COMPOSTELLE réunit la ville de Toulouse, 80 communes dont la Commune d’Auvillar, des offices de tourisme, des associations et des particuliers. Les Chemins de St Jacques de Compostelle ont été déclarés Grand Itinéraire Culturel du Conseil de l'Europe. L’ACIR COMPOSTELLE s'est fortement impliquée en faveur de l'inscription du bien «Les chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France» en 1998 sur la Liste du Patrimoine de l’Unesco.

- le 24 juin : en résonance avec la passion de Rirkrit Tiravanija pour la science-fiction et Philip K. Dick, Guillaume Blanc, du musée des Abattoirs, se posera entre autres la question de savoir si les androïdes rêvent de moutons électriques.

Ce dernier rendez-vous propose de clôturer ce cycle « formation discontinue » en revenant plus précisément  à cet artiste, et à son exposition Une rétrospective (Tomorrow Is Another Day) organisée par le musée d’art moderne de la ville de Paris à la Chapelle des Cordeliers en 2005. Ouvrir les portes des couloirs temporels et fictionnels…

Hors de ces événements, le public qui visite l’exposition est bien sûr libre “d’activer” Dom-Ino, l’oeuvre de Rirkrit Tiravanija.