L'œuvre mystère - Liu Jia

Un cortège de créatures, hybrides, traverse la nef de l’abbaye de Flaran pour conjurer les âges et mixer les cultures. L’installation Le troisième œil confronte ici les mythes occidentaux et asiatiques avec un hommage au Dieu Erlang Shen se déplaçant dans les airs, volant librement du Paradis à l’Enfer.

Liu Jia est né en 1982 à Chongqing en Chine où il réside toujours.
Il a été étudiant en 2007 au département Sculpture de l’Institut des beaux-arts du Sichuan (Chine). Depuis 2003, il a participé à plusieurs expositions en Chine, en Corée du Sud, à Taïwan et à Hong Kong.
En 2006, il participe à l’exposition collective "Retours de Chine" des jeunes artistes chinois au Musée des Abattoirs - Frac Midi Pyrénées.
L’artiste fait don de l’œuvre Le troisième oeil au Musée en 2009.

Ses sculptures aux apparences ironiques et enfantines cachent un sens plus profond. Ces formes blanches envahissent l’espace de l’abbaye. Des fantômes immobiles donnant la sensation de circuler sans but.

"Depuis mon enfance, les animaux sont présents dans ma vie, ils servent de modèle pour ma création artistique. J’étudie les relations entre les animaux d’une part et les relations entre eux et les hommes d’autre part. L’animalité de l’être humain est intériorisée tandis que sa sociabilité est apparente, tissée par l’histoire et sculptée par les cultures. Pour cette installation, mon idée a été de séparer l’animalité de la sociabilité de l’homme en supprimant tout ce qui le relie à  la société et en transformant l’image de cet être complexe, impétueux et toujours changeant en une image d’animal pur et limpide. Les échelles sur lesquelles les animaux traversent les salles partent dans toutes les directions et sont comme des milliers de filets relationnels connectant ces animaux les uns aux autres. Ils forment un large groupe qui avance sans but, mécaniquement, en se tournant le dos, et n’ayant apparemment aucune chance de communiquer ensemble : une caractéristique contradictoire des êtres en groupe.

J’essaie d’observer les choses du point de vue d’un tiers. D’après la légende, le dieu Erlang Shen* possède un troisième œil qui lui permet de voir à des milliers de kilomètres et de distinguer les diables cachés. Il se déplace dans les airs, volant librement du paradis au palais du dragon roi de la mer et à l’enfer. J’emprunte ici cet œil pour l’associer à mes sculptures, comme une fenêtre sur l’extérieur. Vous pensez voir quelque chose à travers cet œil, mais qu’avez-vous vu exactement ?"

Liu Jia, mars 2006, Chongqing

L'exposition en images

Exposition "L'œuvre mystère - Liu Jia" à l'Abbaye de Flaran