Road Movie
La Cinémathèque aux Abattoirs
Prendre la route. Fuir. Ou s’évader. Pourchassé·es ou pour oublier. Choisir l’errance, quand il n’y a plus le choix, que ça sent le rance. Et foncer vers la liberté. Quitte à finir dans le décor. Tout quitter. Et encore, appuyer sur le champignon et rouler, rouler, ne pas amasser mousse. Nonchalant ou, oui, chien speedé. Mais il faut du mouvement.
Le road movie est un genre purement cinématographique. Peut-être le plus cinématographique. Parce qu’il est un genre du mouvement. En mouvement. Comme le cinéma est mouvement. Il est aussi et avant tout un genre purement nord-américain. La suite mécanisée du western. La continuation américanisée du roman picaresque à l’ère de l’automobile. La fameuse bagnole dont le nouveau monde a fait le symbole de liberté individuelle.
Et le road movie est né avec les années 1960, à l’orée de la voiture triomphante, embarqué par Bonnie et Clyde pour une balade sauvage plus étrange que le paradis. Et il s’éteindra peut-être avec l’électricité ; parce qu’il faut bien une fin à tout, aux cavales comme aux cabales. T’es là, t’es plus là…
Nous, on est sur la route. On est parti avec la liberté. Sur des chemins que les cartes ne connaissent pas. Des chemins qui ne veulent pas reconnaître la loi des cartes. On est parti en mode furtif. Fugitif. Venez. Vous verrez, l’air y est vif. Il y a du mouvement. Et ça fait du bien. Au risque de se prendre un mur, mais ça ne fait rien. Il y aura du mouvement. En route.
Programmation :
Bonnie and Clyde
Arthur Penn
1967. USA. 111 min. Coul. DCP. VOSTF.
L’odyssée sanglante du couple de légende. Plus terroristes (version extrême gauche années 1970) que gangsters, les Robin des Bois américains des années 1930. Et un gros succès qui devait asseoir une certaine tendance du road movie, le couple de braqueurs en cavale, tout en apportant au genre une esthétique de la violence nouvelle, baroque et chorégraphique, telle que la développera par la suite Sam Peckinpah. Une histoire de couple surtout, un homme impuissant, une femme frustrée. Un couple échappé de chez Kazan qui cherche à régler ses problèmes sexuels chez Peckinpah.
- Samedi 10 mai 2025, 18h00
- Samedi 28 juin 2025, 16h00
Thelma et Louise
(Thelma and Louise)
Ridley Scott
1991. USA. 129 min. Coul. DCP. VOSTF.
La fureur de vivre version décapotée. La belle envolée de deux amies, Thelma et Louise, sur les routes de l’Arkansas. Premier saloon, premier arrêt et premiers ennuis. Un singulier road movie au féminin par le réalisateur de Blade Runner. Geena Davis et Susan Sarandon dans les rôles principaux, et Brad Pitt en auto-stoppeur sexy. Deux héroïnes qui répondent par les armes à la violence masculine. Avec Thelma et Louise, Ridley Scott inversait les rôles, déclenchait une polémique sans précédent à Hollywood et redéfinissait la place des femmes dans le cinéma de genre.
- Dimanche 11 mai 2025, 16h00
- Samedi 28 juin 2025, 18h00
River of Grass
Kelly Reichardt
1994. USA. 76 min. Coul. DCP. VOSTF.
Le premier film de Kelly Reichardt. La rencontre de Cozy et Lee. Elle, vit un mariage sans passion et ignore ses enfants. Lui, est sans emploi et vient de récupérer une arme à feu. Forcément, c’est la cavale au bout du canon. L’Amérique ordinaire, celle de la pauvreté et de l’ennui, vue comme une interminable banlieue. Motels, autoroutes, puis autoroutes et motels, avec la présence étouffante des marais. Un vrai faux road movie qui se joue en permanence des clichés du genre. Une œuvre toujours en mouvement et pourtant quasi immobile, avec en vedette les paumés du rêve américain.
- Samedi 24 mai 2025, 16h00
Sailor et Lula
(Wild at Heart)
David Lynch
1990. USA. 124 min. Coul. DCP. VOSTF.
Sailor (Nicolas Cage) et Lula (Laura Dern) s’aiment d’un amour fou, total et absolu. Mais Marietta, la mère psychopathe de la jeune fille, ne l’entend pas de cette oreille. L’amour triomphera-t-il ? La Bonne Fée parviendra-t-elle à sauver le couple ? Entre La Nouvelle-Orléans et Big Tuna, Texas, une fascinante plongée dans le puits à névroses de l’Amérique des années 1980, mais aussi une tétanisante relecture du Magicien d’Oz par Maître Lynch. Déroutant, endiablé, poétique, surréaliste, romantique, sexy, électrique, violent. Jamais équipée n’aura été aussi sauvage !
Film interdit aux mineurs de moins de 12 ans à sa sortie
- Samedi 24 mai 2025, 18h00
- Dimanche 22 juin, 16h00
New York-Miami
(It Happened One Night)
Frank Capra
1934. USA. 105 min. N&b. DCP. VOSTF.
La guerre des sexes n’aura pas lieu ! Un film à la fois comédie romantique (dont New York-Miami est un des premiers prototypes), screwball comedy (dialogues secs et vifs) et road movie (deux personnages lâchés dans une folle randonnée sur les routes). Capra fusionne les genres et orchestre une fougueuse fugue amoureuse subtilement érotique. Les barrières sociales volent en éclats, et l’amour du rire l’emporte. Ellie fuit son père millionnaire et décide de rallier New York. Dans le bus, elle rencontre Pete, un journaliste au chômage…
- Dimanche 25 mai 2025, 16h00
La Balade sauvage
(Badlands)
Terrence Malick
1974. USA. 94 min. Coul. DCP. VOSTF.
Le premier long métrage de Terrence Malick. Une œuvre fulgurante, funeste, incontournable et méditative. Inspiré d’un fait divers – la cavalcade sanglante de Charles Starkweather et de sa compagne Caril Ann Fugate –, La Balade sauvage retrace l’odyssée meurtrière d’un couple de fuyards dans l’Amérique du Middle West durant les années 1950. Entre Kit (Martin Sheen), sosie du pauvre de James Dean, et Holly (Sissy Spacek), jeune adolescente naïve, c’est une histoire d’amour et de sang. Malick, lui, ne jugera jamais les actes, préférant méditer sur la condition humaine.
Film interdit aux mineurs de moins de 12 ans à sa sortie
- Samedi 31 mai 2025, 16h00
Perdita Durango
Álex de la Iglesia
1997. Esp./ Mex./USA. 125 min. Coul. DCP. VOSTF.
L’unique incursion d’Álex de la Iglesia en territoire américain. Sex, drugs and blood. Quand un couple complètement déjanté, abreuvé de rites occultes et d’amour, brûle l’asphalte en traînant deux petits ados WASP kidnappés sur la route. Rapt, torture et sacrifice pour un Roméo et Juliette trash, sacrément pimenté. Dans Sailor et Lula de David Lynch, Perdita Durango s’incarnait sous les traits d’Isabella Rossellini. Ici, c’est la féline Rosie Perez qui reprend avantageusement le rôle à son compte. Certainement l’un des films les plus excessifs de la décennie.
Film interdit aux mineurs de moins de 16 ans à sa sortie
- Samedi 31 mai 2025, 18h00
- Samedi 21 juin 2025, 18h00
Stranger Than Paradise
Jim Jarmusch
1984. USA. 90 min. N&b. DCP. VOSTF.
À la marge du rêve américain, conduire vers le grand nulle part… Une errance wendersienne. Dialogues godardiens. Silences bergmaniens. Une photo à la Robert Frank. Et la nonchalance de Nicholas Ray. Une jeune Hongroise débarque aux États-Unis pour visiter une vieille tante installée à Cleveland. Mais elle fait escale, avant, à New York, chez son cousin… De New York à la Floride, en passant par Cleveland, Jarmusch réinvente le road movie. Une cassette de Screamin’ Jay Hawkins dans le magnétophone, une cartouche de Chesterfield et le silence de l’errance…
- Dimanche 01 juin 2025, 16h00
- Samedi 21 juin 2025, 16h00
Le Voyage de la peur
(The Hitch-Hiker)
Ida Lupino
1953. USA. 71 min. N&b. DCP. VOSTF.
Le phénomène d’une filmographie (celle de Lupino) qui privilégia avant tout les rôles féminins. Le désert mexicain, trois hommes et un revolver. Une exemplaire montée en tension tout en testostérone. Sécheresse des moyens et des dialogues : soixante-dix minutes dégraissées à l’extrême pour un thriller fractionné en courtes scènes où alternent l’ombre et la lumière. Un tueur qui ne dort apparemment jamais et ses deux proies. La petite mécanique des jeux sadiques se met en route et tourne à plein régime au rythme des haltes et des bivouacs.
- Samedi 07 juin 2025, 16h00
Little Miss Sunshine
Jonathan Dayton, Valerie Faris
2006. USA. 101 min. Coul. DCP. VOSTF.
Dans la famille Hoover, je voudrais le père, qui tente désespérément de vendre son « Parcours vers le succès en neuf étapes » ; la mère, qui espère dissimuler les travers de son frère suicidaire ; le fils, qui ne communique que par bloc-notes ; et bien sûr, la fille d’à peine sept ans, qui se rêve en reine de beauté. Et pour le titre de Little Miss Sunshine, c’est toute la famille qui s’entasse dans un van rouillé pour un voyage tragi-comique de trois jours. Entre tendresse et pur vitriol, la formidable aventure d’une famille savoureusement dysfonctionnelle.
- Samedi 07 juin 2025, 18h00
- Dimanche 29 juin 2025, 16h00
Point limite zéro
(Vanishing Point)
Richard C. Sarafian
1971. USA. 99 min. Coul. DCP. VOSTF.
Un road movie à toute berzingue et en roue libre ! Quand un ex-flic vétéran du Vietnam et champion de stock-car parie qu’il ralliera Denver à San Francisco en moins de quinze heures au volant d’une puissante Dodge Challenger. Plus qu’un film, un élan libertaire volontairement incontrôlé, servi par une intrigue aussi linéaire qu’un trait de bitume lacérant le désert. Born to Be Wild ou No Future, les deux mon capitaine ! Au fur et à mesure des kilomètres et des rencontres, la légende s’écrit tout en esquissant le portrait d’une Amérique à bout de souffle.
- Samedi 14 juin 2025, 18h00
Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia
(Bring Me the Head of Alfredo Garcia)
Sam Peckinpah
1974. USA. 112 min. Coul. DCP. VOSTF.
Un million de pesos à celui qui ramènera la tête d’Alfredo Garcia, éructe le père. Et voilà la horde sauvage de tout le pays lancée à la chasse à l’homme. Bennie, pianiste raté, en sait un peu plus. Les losers peuvent bien avoir un coup de chance un jour, se dit-il. Alors commence un voyage sans retour. Un road movie macabre, suintant, poussiéreux, poisseux. Un petit chef-d’œuvre qui commence comme une quête morbide, se poursuit comme une descente aux enfers moribonde et s’achève par une soif de vengeance mortelle. Incontournable. Impeccable. Indispensable.
Film interdit aux mineurs de moins de 12 ans à sa sortie
- Dimanche 15 juin 2025, 16h00