Héritages en mouvement(s)
Les Abattoirs et le Centre Chorégraphique James Carlès s’associent pour la première fois, à l'occasion d'une soirée exceptionnelle où le Festival Danses & Continents Noirs rencontre l’exposition “Mickalene Thomas: All about love”.
Fondé en 1989, le Centre Chorégraphique James Carlès est une institution pionnière dans l’enseignement de la danse en France, avec une approche transmoderne qui valorise la diversité des cultures chorégraphiques. Il valorise les danses afro-descendantes, académiques, urbaines et sociales, sans hiérarchie entre les styles.
Le Centre milite pour une danse inclusive, humaniste et universelle, qui soit capable de raconter les luttes, les héritages et les espoirs des peuples afro-descendants, une danse qui cherche à transcender les frontières culturelles par l’émotion, la mémoire et la beauté du geste. Autant d’enjeux qui trouvent une résonance avec les œuvres de Mickalene Thomas, où s’affirme la place des corps dans leur multiplicité, et leur dialogue dans des actes d’amour, de joie et de plaisir.
C’est à partir de ces échos qu’a été imaginée une proposition au croisement entre l'exposition et le Festival Danse & Continents noirs.
Depuis 27 ans, le Festival Danses et Continents Noirs œuvre à redonner une place essentielle aux voix, aux cultures et aux figures longtemps marginalisées dans l’histoire de la danse. Pour son édition 2025, le choix du thème « Héritages en mouvement(s) » affirme que les traditions ne sont pas figées : elles vivent, se transforment et nourrissent la création actuelle. Acte tant artistique que militant, le festival cherche à écrire une autre histoire de la danse en y intégrant toutes les voix et héritages qui l’ont façonnée.
Le 6 novembre, c’est en trois parties qu’un de ses chapitres se déploiera dans les salles de l’exposition “Mickalene Thomas: All about love”.
Programme de la soirée :
FOcus poétique DO-KRE-I-S
Créée en 2017 et diffusée en Haïti, en France, en outre-mer et ailleurs, la revue artistique et culturelle DO-KRE-I-S réunit plus d’une centaine de contributeurs et contributrices originaires de plus d’une vingtaine d’îles et pays dont Haïti, France, La Réunion, Guadeloupe, Mayotte, Trinité-et-Tobago, mais aussi Sénégal, Cap-Vert, Norvège, Tunisie, Mexique, Brésil, etc… Conçue avant tout comme un espace d’épanouissement et d’affirmation des langues et des cultures créoles, la revue revendique “cette forêt dense où l’on s’entrelace, se croise, s’entremêle, où les lianes s’épanouissent : un maelström d’imaginaires qui agite le monde".
A l’occasion de cet événement spécial aux Abattoirs, la revue présentera une performance poétique autour de textes en langues créole et française, choisis par Jean Erian Samson, co-fondateur de la revue.
MAM6K
Issue d’un héritage familial lié au culte d’Hévioso — divinité vaudou de la foudre — et nourrie par les musiques de la diaspora, MAM6K construit des performances comme des rituels électroniques. Delay, feedback, field recordings et samples deviennent autant de formes d’archéologie sonore : sa musique glitch la mémoire, questionne l’histoire, et invente un autre futur, afro-futuriste et poétique.
HERE COMES THE SUN… THE NEW WORLD IS COMING
Charlène Convers présentera une oeuvre originale créée comme projet chorégraphique de fin d’études au Centre Chorégraphique James Carlès en 2022. À partir des principes de Nina Simone sur l’empowerment, la pièce a été réécrite comme une ode à l’antiracisme et à la réappropriation du pouvoir par les femmes. Cette pièce chorégraphique est également un moyen de comparer et discuter de la figure et du parcours artistique militant antiraciste de Joséphine Baker avec celui de Nina Simone, africaine américaine qui a quitté les États-Unis à cause du racisme. Villeurbanne, en collaboration avec le chorégraphe burkinabé Sigue Sayouba.
Toute la programmation du festival est à retrouver ici jamescarles.com/festival
James Carlès est un chorégraphe, danseur, pédagogue, chercheur et conférencier français d’origine camerounaise. Il est reconnu pour son engagement artistique, culturel et militant autour des danses afro-descendantes et de la diversité chorégraphique.
D’abord formé en percussions africaines, modern jazz et danse classique, il poursuit ses études à New York (Alvin Ailey American Dance Center, Limon Institute) et à Londres (London Contemporary Dance School). Il développe une approche unique mêlant danses africaines, techniques modernes occidentales et recherche identitaires. Avec sa compagnie, James Carlès Danse & Co, il crée plus de 50 pièces chorégraphiques, dont certaines en hommage à des figures comme Katherine Dunham, Pearl Primus ou Rick Odums. Également chercheur associé à l’Université Jean-Jaurès de Toulouse, il travaille sur les enjeux de mémoire, d’identité et de patrimoine dans la danse.
En 1988, James Carlès fonde à Toulouse le Centre Chorégraphique James Carlès, un lieu de formation, de création et de transmission, ainsi que le Festival “Danse à Toulouse”, axés sur la valorisation des formes chorégraphiques issues des traditions sociales et populaires en Occident. En 2007, il crée le Festival Danses & Continents Noirs, qui valorise les danses afro-diasporiques et les figures oubliées de l’histoire de la danse.
Le Festival Danse & Continents Noirs œuvre depuis 27 ans à redonner une place essentielle aux voix, aux cultures et aux figures longtemps marginalisées dans l’histoire de la danse. En choisissant le thème « Héritages en mouvement(s) », il affirme que les traditions ne sont pas figées : elles vivent, se transforment et nourrissent la création actuelle. Cette 27ème édition se place sous le signe de la gratitude et de la mémoire vive.
Rendre hommage aux grandes figures de la danse – d’Alphonse Tiérou (chorégraphe et chercheur franco-ivoirien) à Rick Odums (danseur et pédagogue visionnaire, ayant façonné la danse jazz et contemporaine en France avec l'âme de la diaspora afro-américaine)– c’est reconnaître le rôle fondateur des artistes africains et de la diaspora dans la construction d’un langage universel du corps. Ces artistes d'exception ont ouvert des voies nouvelles, mêlant racines et innovation, transmission et liberté.
Face aux défis contemporains – qu’ils soient culturels, économiques ou politiques – le Festival, tout comme l’art contemporain africain, réaffirme une conviction : créer, c’est résister ; transmettre, c’est bâtir. Entre danse et arts visuels, un même mouvement se dessine : celui de faire dialoguer les continents, les disciplines et les générations, pour que les héritages restent vivants, en perpétuel mouvement.