Le Printemps de septembre
Sur les cendres de l’hacienda
Festival gratuit dédié à la création contemporaine sous toutes ses formes, Le Printemps de septembre investit tous les deux ans près de 25 lieux partenaires à Toulouse, dans son agglomération et dans la région Occitanie. Cette nouvelle édition marque les 30 ans du festival et autant d’années de créations, de collaborations et de découvertes.
Pour fêter cet anniversaire, le Printemps de septembre mise sur le merveilleux et imagine un projet à ciel ouvert, une déambulation urbaine et artistique à la tombée du jour. Plus de quatre-vingt artistes se répartiront dans trente lieux. Certains, très jeunes, présenteront les prémices de leur œuvre tandis que d’autres, décédés, parfois en 2020 comme Siah Armajani, verront leur mémoire saluée.
Les Abattoirs accueillent cette année trois monographies et une un ensemble de petites monographies réunies sous le titre La folle du logis. Ainsi seront présentés au sous-sol un ensemble d'œuvres de Miriam Cahn et des installations de Siah Armajani et Michel Aubry. À l'étage, l'exposition collective, quant à elle, est constituée d'une installation de Cathryn Boch, de peintures de Marie Bourget, Miryam Haddad, Mathilda Marque Bouaret et de Christine Sefolosha, de vidéos de Lawrence Abu Hamdan, Shiva Khosravi et Walid Raad et des photographies de Natacha Lesueur.
Miriam Cahn
Née en 1949 à Bâle, elle vit et travaille en Suisse.
L’artiste suisse Miriam Cahn est aujourd’hui une des artistes les plus reconnues de la scène actuelle. Depuis les années 1970 elle a fait de son art une expérience. Son œuvre est marquée par le corps et la performance qu’elle convie également dans ses sculptures, ses grands dessins gestuels au fusain ou ses fameuses peintures de silhouettes. Ses toiles qui combinent la douceur du halo au choc de la couleur deviennent aussi une expérience physique pour celui ou celle qui les regarde, qui y fait face, se confrontant ou se liant à ses personnages, féminins, masculins, féminins et masculins, nus, libres. Marquée par une attention au féminisme, son œuvre est aussi un humanisme qui a englobé avec l’humain l’ensemble du vivant, mais aussi ses opposés, la guerre, la bombe atomique, et plus récemment les noyés de l’exil. Outre des peintures sous forme d’installation, sont présentés un ensemble de slide-show dans lesquels apparaît une œuvre en constante transformation.
Les œuvres de Miriam Cahn ont été exposées dans le cadre d’événements tels que la documenta, Kassel (1982 et 2017). Elle a également exposé individuellement à la Städtische Galerie Offenburg (2015), au Centre Culturel Suisse, Paris (2014) ou encore au Wako works of art, Tokyo (2012). Des rétrospectives se sont récemment tenues au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía (2019), au Haus der Kunst de Munich (2019), au Kunstmuseum de Berne (2019), au Muzeum Sztuki Nowoczesnej de Varsovie (2020), au Kunsthal Charlottenborg de København (2021), et au The Power Plant Contemporary Art Gallery de Toronto (2021).
Commissariat : Annabelle Ténèze, directrice des Abattoirs
Cette exposition reçoit soutien de Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture.
Siah Armajani
Né en 1939 à Téhéran, il est décédé en 2020 à Minneapolis (États-Unis), où il vivait et travaillait.
Artiste iranien, arrivé aux États-Unis au début des années 60, Siah Armajani est surtout connu pour ses projets à grande échelle dans l’espace public. Le pont Irene Hixon Whitney (1988) et le Gazebo for Four Anarchists (1993) sont peut-être les exemples les plus remarquables. Pour autant Armajani a travaillé tout au long de sa vie sur une série de petites sculptures d'atelier inspirées de l'imagerie de l'Amérique vernaculaire, du Bauhaus et du constructivisme russe. Son travail s'est développé à l'intersection de l'architecture, des mathématiques, de l'ingénierie et de la philosophie et a été stimulé par une recherche sur ce que l'art dans la sphère publique peut apporter à une communauté. Dans son manifeste Public Sculpture in the Context of American Democracy, Armajani note : "La sculpture publique est une recherche d'une histoire culturelle qui appelle une unité structurelle entre l'objet et son cadre social et spatial. Elle doit être ouverte, disponible, utile et commune." Plus tard, Armajani reviendra à un engagement direct dans la politique, qui a caractérisé ses premières années en Iran : Fallujah (2004-2005) et la série Seven Rooms of Hospitality (2015-2017) sont des œuvres clés de cette dernière période.
Dès la fin des années 1960, Siah Armajani participe à des expositions majeures au MoCA, Chicago (1969), au MoMa, New York (1970) ou à la documenta 5, Kassel (1972). Son travail est exposé et collectionné par de nombreuses institutions aux États-Unis et dans le monde. En 2011, la Meulensteen Gallery (New York) expose ses œuvres les plus anciennes. En 2018, le Walker Art Center (Minneapolis) organise sa première rétrospective. Celle-ci a également fait une étape au Met Breuer à New York. En 2010, il reçoit le prix Knight Fellow des United States Artists puis est décoré en 2011 Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres par le gouvernement français.
Commissariat : Christian Bernard
Michel Aubry
Né en 1959 à Saint-Hilaire-du-Harcouët (France), il vit et travaille à Paris.
Michel Aubry réalise depuis une trentaine d’années une œuvre programmatique et protéiforme qui traverse les champs de la musique, de l'artisanat, du design et des arts plastiques et visuels. À partir d’un répertoire d’objets (roseau de Sardaigne, tapis afghan, mobilier et architecture constructiviste, costume militaire, etc.) qu’il cite, réplique et interprète insatiablement, Michel Aubry développe un travail sculptural érudit qui insiste sur les processus de fabrication archaïque en tant que traduction d’une mémoire et d’une culture fragmentées du passé. En 2013, lorsqu’il reproduit pour le Crédac (Ivry-sur-Seine) le Pavillon soviétique Melnikov, il s’intéresse à l’histoire de sa construction : imaginé pour l’Exposition des Arts Décoratifs de Paris en 1925, il a été, pour de nombreuses raisons, notamment économiques, réduit à l’échelle un dixième et construit en poutres de sapin. Pour Michel Aubry, le basculement d’un projet de pavillon d’acier et de verre à une grange en charpente de bois est symbolique de ce "moment où quelque chose se passe entre cet archaïsme, ces savoir-faire et toutes les volontés de changement et de radicalisme".
Le travail de Michel Aubry est montré dans de nombreuses expositions personnelles et collectives en France, telles qu’à la Galerie Eva Meyer, Paris (2017), au Centre Pompidou, Paris (2015), au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (2013-2014), au Crédac, Ivry-sur-Seine (2013), au Centre d’art contemporain de Sète (2008), au MAMCO, Genève (2003), au Casino Luxembourg (1997) ou encore à La Criée, Rennes (1991). Certaines de ses œuvres font partie des collections des Frac Pays de la Loire et Auvergne.
Commissariat : Christian Bernard
La folle du logis
Artistes : Cathryn Boch, Marie Bourget, Rolino Gaspari, Miryam Haddad, Shiva Khosravi, Kiki Kogelnik, Jean-Marie Krauth, Natacha Lesueur, Christian Lhopital, Mathilda Marque Bouaret, Luisanna Quattrini, Christine Sefolosha et Jean-Luc Verna.
L’œuvre Walled/Unwalled de Lawrence Abu Hamdan, présentée précédemment à la Tate Modern et à la Biennale de Venise, est une acquisition récente des Abattoirs.
Commissariat : Christian Bernard