Lili Reynaud-Dewar, TEETH GUMS MACHINES FUTURE SOCIETY, 2016. Film © Lili Reynaud-Dewar

Filmer les corps

Collection vidéo du Cnap

Les Abattoirs présentent une programmation d’œuvres vidéo de Oliver Beer, Ludivine Large Bessette, Kate Cooper, Lily Reynaud Dewar, Adriana Garcia Galan, Lorna Simpson et Nil Yalter issues de la collection audiovisuelle du Centre national des arts plastiques.

Pan incontournable et particulièrement riche de la création contemporaine, la vidéo devient un médium artistique à part entière à partir des années 1960. Cette pratique se développe alors que l’image et sa profusion sont un enjeu croissant, et toujours très actuel, dans une époque marquée par une relation presque pulsionnelle aux écrans et qui voit apparaître de nouveaux modes de production des images. Les artistes en ont fait un art protéiforme, explorant ses dimensions/ sa portée tant esthétique/plastique que sociale et politique. Les Abattoirs proposent d’explorer ce médium à travers une programmation dédiée, dans le cadre d’un partenariat avec le Centre National des Arts Plastiques. Sans prétendre retracer l’histoire de ce médium, il s’agit d’arpenter cette collection par autant de chemins qu’il existe de diversité d’approche, de narration, d’objets filmés, de traitement des images et de techniques.

Cette première présentation explore le travail d’artistes utilisant le corps pour produire un commentaire social et politique de notre société. Le corps dit le monde. Il reflète par ses mouvements, ses transformations, ses artifices, ses creux et ses saillis, les changements et les vibrations d’époques et de sociétés. Les artistes ici rassemblés captent le corps, entier ou par fragments, organique ou synthétique, dans une inventivité formelle alliant les codes de la performance, du cinéma, du documentaire ou encore du jeu vidéo. Sous ces multiples formes, chacun place le corps devant la caméra pour mieux faire surgir les histoires et les symboles qu’il charrie : la mémoire de l’esclavage chez Lorna Simpson, la vulnérabilité des corps chez Kate Cooper ou encore l’affirmation du plaisir féminin chez Nil Yalter. Parmi ces représentations, le motif de la bouche apparaît de manière récurrente comme chez Lily Renaud Deward et Adriana Garcia Galan, celle-ci incarnant un espace frontière entre l’espace intime et l’espace public, où se jouent autant les systèmes de dominations que les stratégies de luttes.