3 performances de Guy de Cointet

L’artiste propose des "tableaux parlants" aux narrations non linéaires et souvent absurdes

Mezzanine et nef des Abattoirs
Entrée libre

Installé à Los Angeles de 1966 jusqu’à sa mort, en 1983, Guy de Cointet développa un art singulier de la performance, en prolongement de ses livres et de ses dessins. Dans ses "tableaux parlants", aux narrations non linéaires et souvent absurdes, l’artiste déploie ses objets scéniques pour bouleverser les relations entre mots, couleurs, formes et sens. 

Né en 1934 à Paris, actif à Los Angeles de 1966 à 1983, date de sa mort, Guy de Cointet est une figure importante de l’art conceptuel. Son art singulier de la performance, dont il fut l’un des pionniers sur la Côte Ouest, se distingue par ses narrations non linéaires et ses objets scéniques, “véritables tableaux parlants”.
En artiste du langage, il y reformule les relations entre mots, couleurs, formes et sens, tandis que ses dessins et livres attestent de son goût du mystère, des langages codés et de la cryptographie. Proche du théâtre et de la poésie sonore, il est l’auteur d’une synthèse entre culture populaire, sources littéraires, Surréalisme et art minimal.
A l’occasion de la donation et de la première présentation d’un important ensemble d’œuvres de l’artiste au Musée, les Jeudis des Abattoirs proposent la représentation de trois travaux performatifs de Guy de Cointet. Ces trois performances sont mises en scène pour l’occasion par Yves Lefebvre, qui collabora avec Guy de Cointet dès la fin des années 1970.
Avec le soutien de la Succession Guy de Cointet et de la Galerie Air de Paris.
- Mise en scène : Yves Lefebvre.
- Interprétation : Violeta Sanchez, Sarah Vermande.
- Supervision artistique : Hugues de Cointet.
A noter : 2 performances sur les 3 sont en anglais. Une traduction écrite en français sera disponible.

PROGRAMME

19:15 - MEZZANINE
Huzo Lumnst
1973
“La très brillante artiste Huzo Lumnst présente son nouveau travail CIZEGHO TUR ND J M B”…
C’est inventer l’œuvre d’un personnage inventé, d’un personnage de roman, par exemple.
Inventer un artiste, plusieurs artistes ayant des relations très étroites les uns avec les autres.
L’œuvre inventée d’un artiste inventé.
(Notes de Guy de Cointet, circa 1973)
- Interprétation : Sarah Vermande.
- Langue : français.
- Durée : environ 15 mn
 19:45 - NEF
At Sunrise A Cry Was Heard
or The Halved Painting
Au lever du soleil, un cri se fit entendre
ou La peinture coupée en deux
1974
Ce monologue est le mystérieux récit de “La Peinture coupée en deux”. Une femme raconte l’histoire d’un tableau découvert au cours d’une réception dans l’appartement moscovite de son ami Alexander Bassarov, un écrivain soviétique. Quand elle entre dans la pièce, elle est saisie à la vue d’une peinture rouge de grand format, et d’intenses émotions l’envahissent alors qu’elle la regarde…
Elle décrit la scène de cette fête où deux jeunes grecs chantent le magnifique hymne gitan “Czak ego …” Mais c’est la peinture qui l’attire. Elle regarde, mais ne peut la comprendre.
Elle parle de sa longue amitié avec Alexander Bassarov et lui demande d’où vient ce tableau. Il explique qu’il a été découvert au Japon et qu’il est daté d’une ère bien antérieure à la nôtre. Elle réalise que la peinture ne vient pas du Japon mais d’Egypte : c’est la fameuse “peinture vocale” qui parfois, à l’aube, émettait un son ! Vivement intéressé, Bassarov lui demande de raconter ce qu’elle sait sur cette peinture.
La femme raconte alors cette longue histoire. Le tableau a été peint en 1500 avant JC et le sens de son message s’est perdu, voire jamais déchiffré. Cependant, au fil des siècles, nombreux sont ceux qui ont tenté d’en comprendre la signification, sans jamais y parvenir.
Elle digresse, évoquant un journaliste d’Hollywood et l’une de ses amies, Jayne Mansfield, la star et ses symboles. Le psychiatre de Jayne, parlant de sa patiente, aurait dit un jour qu’elle serait tuée par les hommes qui l’aiment s’ils ne comprenaient pas son besoin d’être aimée.
Elle revient au tableau et évoque des gens ayant témoigné du son que la peinture a émis et qu’ils ont pu entendre au cours d’une période de presque deux cents ans, de l’an 27 avant JC, jusqu’à 196 après JC. Elle explique la nature de ce son tel qu’il a été décrit par plusieurs personnes au fil du temps, et elle liste des moments de la journée et les mois où il a été perçu.
Et de conclure : le son n’a jamais été entendu qu’à l’aube ; il varie dans la gamme et diffère en intensité ; il a été fréquemment entendu ; la peinture s’est tue il y a bien 200 ans.
(Synopsis par Mary-Ann Duganne
Glicksman)
- Interprétation : Violeta Sanchez.
- Langue : anglais (une traduction écrite en français est disponible).
- Durée : environ 20 minutes.
20:30 - NEF
My Father’s Diary
Le journal intime de mon père
1975
Sur son lit de mort,
un homme donne un livre à sa fille,
un livre précieux,
rempli de textes, de signes, de diagrammes, de dessins.
“Ceci est mon journal…” commence-t-il à lui dire,
mais, trop faible pour en dire plus,
il ferme ses yeux… pour toujours.
À ce même moment la guerre éclate,
emportant dans la tourmente la jeune fille et le journal.
Pour le public, elle se remémore ces événements tragiques en présentant un large livre qu’elle tente d’expliquer page après page.
Le livre est posé sur une petite table.
(Introduction par Guy de Cointet)
- Interprétation : Sarah Vermande.
- Langue : anglais (une traduction écrite en français est disponible).
- Durée : environ 15 minutes.
Avec le soutien de la Succession Guy de Cointet et de la Galerie Air de Paris