Artiste en Midi-Pyrénées
Jérôme Carrié | Artistes
Jérôme Carrié
- Tél. 0673270870
- jerome.carrie@univ-tlse2.fr
A travers des médiums d'expression tels que la photographie, la peinture et l'installation, Jérôme Carrié développe une pratique artistique autour des notions de corps, de temps, de langage et de couleur. La sérialité constitue un élément fondamental de sa démarche. Différentes séries en progrès composent une multiplicité de dispositifs plastiques de mises en espace. Jérôme Carrié élabore son travail par suite et série, feuilletage et stratification d'images, mais également par croisement et juxtaposition. Le facteur temporel déterminant dans cette approche poïétique et conceptuelle engage une réflexion sur la dimension archéologique de l'art. Depuis plusieurs années, Jérôme Carrié réalise des photographies lors de ses séjours dans les villes qu'il traverse. Peuplées de panneaux signalétiques, d'affiches lacérées, de palissades et de plaques de rues, ces photographies réalisées le plus souvent au téléobjectif saisissent des détails apparemment insignifiants. En hommage à Raymond Hains, cette série de travaux opère des glissements sémantiques et des rapprochements de sens.
Chercher une surface dans laquelle se réfléchir, mais choisir de préférence celle de l’eau, où le reflet, une fois saisi, se défait aussitôt au moindre souffle d’air, au moindre effleurement.
Figer dans un premier temps, par la photographie, le tremblement fragile de l’eau puis lui rendre sa mobilité en le multipliant.
C’est comme cela que s’engage le travail artistique de Jérôme Carrié.
Dès le premier regard, nous sommes saisis par ce processus de répétition que l’alignement rigoureux des images souligne. Une répétition dont nous mesurons peu à peu le jeu subtil, une répétition qui engendre la différence et nous instille sa pulsation.
L’artiste procède effectivement par séries de représentations. Ces séries sont conduites par une image photographique qui tient lieu d’origine et qui structure l’ensemble, une image qui est à la fois répétée et transformée, apparaissant, à chaque épreuve, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre.
La technique de la sérigraphie permet ici la création de variations, car il s’agit bien là de variation avec tout ce que cela implique de modulation, de métamorphose, d’altération et de fluctuation sans qu’il y ait pour autant perte totale d’identité.
La sérigraphie est un procédé mécanique de reproduction dérivé du pochoir. Les couleurs sont appliquées séparément et successivement à l’aide d’écrans de soie inégalement imperméabilisés et interposés entre le papier et l’encre. Ce mode de reproduction a la particularité de décomposer l’image pour la recomposer ensuite par strates.
Cette technique, comme tout autre, invite à la désobéissance, elle offre des moyens d’actions que l’on peut déjouer et décliner à loisir. Changer l’ordre de passage des couleurs peut ainsi permettre de nombreuses déclinaisons de la représentation initiale.
Ces déclinaisons, loin de constituer un inventaire exhaustif des combinaisons envisageables, « disent » l’infini d’une transformation. Elles nous invitent à « voir le monde suivant la catégorie des possibles », pour reprendre les termes d’Umberto Eco.
L’utilisation d’un nombre limité de couleurs et la récurrence de certains éléments formels, donnent une sensation d’unité et de cohérence. Comme l’oreille peut se satisfaire d’un air connu et reconnu que l’on rejoue sans cesse, l’œil peut ici se complaire dans ces modulations sensibles, dans ces glissements ténus faits de retours et de redites.
Sophie Durand-Bach