Henri Michaux, "Frottages"

Peintre-poète, Henri Michaux entreprend à partir de 1937, d'exprimer son univers poétique par les moyens picturaux. Le passage du mot au signe illustre sa reconnaissance d'une différence de l'art pictural par rapport à l'écriture-expérience qui lui permet d'établir une relation plus immédiate en continuité avec son monde intérieur et la nature même de l'imaginaire.

En explorant les voies de l'automatisme, l'artiste se dégage de l'emprise de la conscience sur sa figuration. Ses figures montrent que le geste permet de saisir une pensée dans sa trajectoire et qu'il est aussi un acte de recomposition du monde dicté par l'imaginaire.

Entre 1944 et 1947, il réalise une série de "frottages" qui, en frottant au hasard une mine de plomb sur le papier, laissent apparaître des figures, des yeux, des créatures animales ou humaines à peine émergées de la surface dans une grande force hallucinatoire.
Entre surréalisme et informel, cette démarche introduit au musée un artiste singulier et pourtant très proche de la nature de nos collections: notamment celles d'Anthony Denney et de Daniel Cordier qui l'a soutenu et collectionné.