Franck Scurti, "Chicago Flipper"

Pour la deuxième année consécutive, les Abattoirs - Frac Midi-Pyrénées collaborent avec le festival Jazz in Marciac pour proposer un regard transversal sur la création plastique et la musique. C'est dans ce cadre que, du 31 juillet au 15 août, l'œuvre Chicago Flipper (1997) de Franck Scurti (né à Lyon en 1967) accueille le public en levée de rideau à l’Astrada.

Court-métrage vidéo, Chicago Flipper est un hommage à la mégapole américaine. Dans le contexte de Marciac, on rappellera bien sûr que la ville, site des premiers gratte-ciel, capitale de l'architecture moderne est un creuset majeur des musiques afro-américaines. Si la capitale de l'Illinois est centrale dans l'histoire du jazz, elle est aussi un site majeur pour l'électrification du blues au tournant du XXe siècle, et plus, proche de nous, pour le développement des musiques électroniques.

Chicago Flipper est symptomatique du travail de Franck Scurti en ce qu'elle aborde la ville comme un vaste terrain de jeux, un lieu d'association par rebonds. Si elle n'aborde pas directement la musique, la vidéo le fait par un biais détourné en calquant son déroulé, son montage, et son rythme sur une partie de flipper. Des années 1950 à 1990, Chicago est en effet la capitale du billard électrique. C'est là que des sociétés comme Gottlieb ou Bally fabriquent des machines de plus en plus complexes. Dans le film, l'œil prend la place d'une boule de flipper qui va taper sur des bumpers devenus bâtiments de verre et d'acier. Il file ensuite dans des rampes incarnées en métro. Chicago Flipper, nous propulse dans une déambulation urbaine qui, par des cadrages et des points de vue fugitifs, offrent une perception et des sensations identiques à celles que la musique procure.