Fantasmagoria, le monde mythique

A la fin du XVIIIème siècle, les fantasmagories étaient des spectacles où le public venait assister à des manifestations fantasques. Les ordonnateurs de ces séances jouaient autant sur les illusions produites par des lanternes, que sur des phénomènes peu connus alors, pourtant issus d’expériences scientifiques, de manipulations physiques ou chimiques. Entre ésotérisme et sciences occultes, le specateur est mené dans un autre monde.

Dans le cadre de "10 ans : un musée, un Frac, une collection"

Historiquement et étymologiquement, à la fin du XVIIIe siècle, les fantasmagories étaient des sortes de spectacles où le public venait assister à des manifestations fantastiques. Les ordonnateurs de ces séances jouaient autant sur les illusions produites par les lanternes magiques (provoquant des apparitions de fantômes, de spectres, ou d’esprits), que sur des phénomènes peu connus alors, pourtant issus d’expériences scientifiques, de manipulations physiques ou chimiques. Dans un curieux mélange d’occultisme et d’esprit scientifique, il s’agissait de provoquer des réactions sensibles face à des expériences multi-sensorielles et immersives.

 

Ancêtres du cinéma et de certaines installations artistiques contemporaines, ces formes de rites de passage entre ésotérisme et "exotérisme" correspondent à une période charnière de la pensée moderne qui va bientôt vouer un culte à la raison. Une raison ambigüe, qui depuis, n’a cessé d’entretenir un rapport paradoxal à l’humanité comme à la nature. Cette période ayant aussi laissé derrière elle toute une cohorte de mythes, de légendes et d’imaginaires régulateurs dont il subsiste pourtant des traces fossiles aujourd’hui. Cette part mythique de la culture humaine, en deçà de ses figures récurrentes et tutélaires, ressort bien du processus fantasmagorique. Il s’agirait d’une expérience source qui vient à la fois perturber les imaginaires pour susciter et générer d’autres configurations mentales.

Qu’en est-il de la fantasmagorie et du mythe aujourd’hui ? Malgré leur identification à un passé révolu, ne sont-ils pas à voir à la fois comme l’origine et l’horizon de nos imaginaires ? 
Voire de nos "survivances". Ces questions réactualisées par l’ethnologie et la psychanalyse semblent re-dynamiser tout un pan de la création contemporaine sans pourtant avoir encore été abordées sous cet angle et à cette échelle.

A la suite des expositions NéoFutur et DreamTime en 2008 et 2009 aux Abattoirs à Toulouse, de même que les dernières éditions de Fiac (Transrituels 1 & 2, puis Totems sans tabous), qui ont instruit et réouvert le processus fantasmagorique, c’est ce phénomène que souhaite aborder et explorer plus profondément l’exposition Fantasmagoria à l’occasion du dixième anniversaire des Abattoirs. Tout en conviant le public, à peut-être renouer avec une certaine dimension magique de l’art.
Artistes présentés :
Hippolyte Hentgen, Isabelle Levenez, Philippe Mayaux, Lee Bull, Guillaume Pinard, Françoise Quardon, Fabien Verschaere, Damien Deroubaix, Olaf Breuning

Le projet Fantasmagoria, le monde mythique, conçu pour les dix ans des Abattoirs à Toulouse se développera dans divers lieux de la région Midi-Pyrénées comme dans le village de Fiac dans le Tarn, au château de Taurines dans l’Aveyron ou dans la grotte du Mas d’Azil dans l’Ariège, ainsi qu’au centre d’art du Parvis à Ibos à partir des collections du Frac Midi-Pyrénées ou encore le musée Denys Puech à Rodez.