D. Gigoux-Martin, "Voyage autour de mon crâne, Part II Boyau"

L’œuvre présentée ici fait suite  à plusieurs visites avec des archéologues dans les galeries ornées de la grotte du Mas d’Azil. L’artiste a pu envisager un projet totalement inédit, issu de la rencontre du dessin préhistorique et du dessin contemporain, le sien en l’occurrence, qu’elle a pu exceptionnellement projeter et re-filmer à même la paroi du rocher.

S’inspirant des peintures et des gravures observées dans la grotte, elle a demandé à un danseur de mimer des postures animales, dans d’étranges chorégraphies, recomposées image par image en dessin animé. Trois séquences ont ainsi été réalisées et projetées sur la paroi défoncée. En index, deux moniteurs montrent les mêmes images projetées dans la grotte en interaction avec les tracés magdaléniens. C’est dans l’une de ces séquences, que le spectateur attentif peut remarquer le fameux portrait de la galerie dite du masque.

Le mur détruit se retrouve ainsi tapissé des images animées présentant un homme dansant sur une chorégraphie de Sidi Graoui. L'obscur s'éclaire, l'évident est lesté de sa part d'ombre. La puissante poésie de l'œuvre s'insère dans un temps suspendu, dans cette indécision constitutive entre la nature et l'artefact. Dans cette œuvre produite pour DreamTime 1 en 2009 et réinterprétée en 2010 pour la 3ème édition, le décalage temporel vient renforcer le décalage spatial : à l'âpreté de la grotte répond la froideur des salles blanches d’exposition qui pour l'occasion ont été incisées au burin.

Par l’inscription du rêve dans l'espace réel, l'artiste orchestre une fantasmagorie à la fois magique et inquiétante sous laquelle se dessine une fable existentielle profondément actuelle.

 

Renseignement sur le site www.nuitsdelauzerte.fr

 

Delphine Gigoux-Martin est née à Chamalières en 1972, elle vit et travaille à Clermont-Ferrand, France.

"La préoccupation centrale, dans mon travail d’installation et installation vidéo, revient à produire une tension permanente entre les éléments et leurs cadres ou espaces dans lesquels ils évoluent. Ces travaux vidéos, d'installations, de dessins animés déclinent des ambivalences, dualités, jonctions ou oppositions, des contraires qui sont les clefs fondamentales de mes recherches artistiques, et nous replacent face aux paradoxes de nos instincts contradictoires".

Delphine Gigoux-Martin allie dans ses œuvres l'âpreté des thèmes (la mort, la violence, le démembrement) avec la douceur presque enfantine de la réalisation. Le bestiaire contient le plus souvent des animaux vulnérables, et renvoie à l'espace du conte, de la fable, impression que renforcent les titres des installations. La préoccupation centrale de l’artiste revient à produire une tension permanente toutefois allégée par l'humour. Il existe dans ses travaux un jeu sur les niveaux de temporalité qui viennent renforcer les décalages spatiaux. La lumière est un enjeu constant.