Sébastien Leroy, "Optimum white - Optimum red"

"Le Fruit de la rencontre", rendez-vous rare et toujours inédit, construite sur la rencontre de vignerons et d’artistes afin d’établir des échanges sensibles entre le public et leur métier, accueille pour son édition 2014 l'artiste Sébastien Leroy au regard de l’adéquation de son travail avec le contexte de la résidence.

Un peu trop vite, l’on pourrait dire que c’est le "hors-champs", ce laisser pour compte de l’image cinématographique - la partie que l’on a choisie de ne pas montre - qui est au centre de la série de photographie Partenaires réalisées par Sebastien Leroy en 2008. Mais à l’inverse, les publicités, les logos, de ces "partenaires" sur lesquels l’artiste focalise notre attention sont justement trop présents. Ils sont si prégnants que seuls, au centre des photographies de la série, ils indiquent que le reportage s’attache à un événement sportif, là même où aucun coureur, aucun cycliste n’est présent. Pas besoin de sport, la publicité pourrait suffire, elle ne réclame plus rien, elle a pris toute l’image depuis longtemps.

Cette idée d’une occupation du visuel, du domaine du sensible, répond chez Sébastien Leroy à celle plus physique et "terre à terre" de l’occupation de l’espace. Ainsi, si la ruralité a été ces dernières années un sujet privilégié dans son travail, ce n’est pas tant pour discourir ou témoigner à son sujet, mais bien pour trouver l’espace nécessaire à l’examen d’un discours culturel et politique qui a évacué la campagne de ses représentations. Dans Défilé, Sebastien Leroy défile au Salon de l’agriculture, à la manière d’une brave bête. Montant sur le podium des animaux à la manière d’un modèle décalé, il amplifie le cynisme sous-jacent à un tel événement, foire commerciale, événement populaire mais également "zoo". Dans C’est dur la culture, Leroy a déplacé le langage du mécanique, de la machine, habituellement cantonné à la sphère industrielle dans le monde agricole. Une bande-son électronique accompagne trois séquences, trois temps de l’élevage bovin qui capte une chaine de production et de diffusion. L’animal et la terre y semblent définitivement confiés à un "ballet mécanique" pour reprendre le titre du célèbre film de Fernand Léger, célébration de la machine réalisée au milieu des années 1920. Près de cent ans après, c’est par un autre titre à double tranchant que l’artiste s’enquiert d’une solidarité et d’une visée commune entre l’artiste et l’agriculteur, manière de rappeler que pour tous "c’est dur la culture".

Le souhait des Abattoirs - Frac-Midi Pyrénée d’inviter Sébastien Leroy à participer à cette nouvelle édition du "Fruit de la rencontre", s’est effectué au regard de l’adéquation de son travail avec le contexte de la résidence. Plus en avant, l’artiste nous a fait part de son souhait de poursuivre son cycle ses recherches à partir d’une connaissance renouvelée et approfondie de la viticulture indépendante. Son travail, tout comme ses expériences passées de résidence et d’atelier avec des publics, appuie à notre sens ce projet.

Olivier Michelon

Cette édition est le fruit d’un partenariat entre la mairie de Lisle-sur-Tarn, le Fruit de la rencontre et le Musée/Centre d’art du verre de Carmaux et les Abattoirs - Frac Midi-Pyrénées.