Auguste Forestier, "La bête du Gévaudan", 1935-1949, bois, métal, dent, 33,5 x 60 x 33 cm

La Déconniatrie

Art, exil et psychiatrie autour de François Tosquelles

Cette exposition dévoile une histoire méconnue qui a fait date dans la psychiatrie au XXe siècle. Elle a permis la transformation collective des institutions psychiatriques et a également influencé le cours de l’histoire de l’art moderne en favorisant l’apparition de l’art brut.

 “La Déconniatrie” suit la vie et l’œuvre du docteur François Tosquelles (1912-1994) qui a fui comme 500 000 réfugiés espagnols la victoire franquiste après la guerre d’Espagne (1936-1939). Après plusieurs mois de rétention dans le camp de Septfonds, le psychiatre s’installe pendant l’Occupation à Saint-Alban-sur-Limagnole en Lozère. Dans l’hôpital où il travaille, avec l’idée de soigner les malades comme l’institution, il fait alors émerger de nouvelles pratiques de soin basées sur l’humanisation, le collectif, le travail et l’activité artistique par les pensionnaires, dont les créations circulent au niveau local avant d’être collectionnées par Jean Dubuffet sous l’appellation d’art brut.

Durant la Seconde Guerre mondiale et les années qui suivent, l’hôpital où exercent Tosquelles, ainsi que le psychiatre surréaliste toulousain Lucien Bonnafé, reçoit les artistes et écrivains en fuite, en exil ou de passage ; on y retrouve par exemple Nusch et Paul Eluard, puis Tristan Tzara, qui sont frappés par le lieu et ses habitants. Dans l’après-guerre se mettent en place les fondements d’une psychiatrie “désaliénante”, dite de secteur, portée par des activités communes telles que le cinéma,
les clubs et les journaux dont le fameux journal interne Trait d’union. Des psychiatres d’avant-garde s’y forment et y travaillent, à l’exemple de Frantz Fanon, écrivain et penseur martiniquais dont la pensée a influencé le postcolonialisme. Le rôle des femmes dans cette expérience inédite et collective, qu’elles soient patientes ou soignantes, se révèle également majeur.

À travers cette exposition c’est la place de l’ “autre” perçu comme indésirable, étranger, malade, impropre à la vie en société, qui est de nouveau au cœur des Abattoirs. À partir du parcours de François Tosquelles, sont questionnés les rapports entre art, exil et psychiatrie, et la notion de création dans le contexte de l’exclusion, de l’enfermement ou de l’hospitalisation, bref d’aliénation. En partant d’un lieu rural éloigné, il s’agit ici de croiser l’histoire de la psychiatrie, de la politique, du postcolonialisme, de l’art moderne, du surréalisme et de l’art brut ou encore du cinéma d’avant-garde. Ce projet qui rassemble de nombreuses œuvres, dont celles créées par les pensionnaires dans l’hôpital, ainsi que des films inédits, des livres, des archives, des photographies et des créations contemporaines, célèbre ce “droit au vagabondage” du corps et de l’esprit selon l’expression de François Tosquelles,

 

Artistes et auteurs exposés :
Karel Appel, Benjamin Arneval, Antonin Artaud, Paul Balvet, Raphaël Barontini, Georges Bataille, Roger Bernat, Albert Belloc, Jeanne Bonnafé, Lucien Bonnafé, Mohamed Bourouissa, Brassaï, Georges Canguilhem, Giuseppe Capone, Georgette Chadourne, Jean Combier, Auguste Chauvin, Frédéric Delanglade, Fernand Deligny, Eugène Deslaw, Jean Dubuffet, Maxime Dubuisson, Éric Duvivier, Paul Éluard, Frantz Fanon, Jean Fautrier, Gaston Ferdière, Celestino Ferrando Marti, Auguste Forestier, Michel Foucault, Galo, Joséphine Guattari, Aimable Jayet, Allan King, Yayoi Kusama, Maurizio Lazzarato, Léon Marguerit, Agnes Martin, Agnès Masson, Jacques Matarasso, Angela Melitopoulos, Jean-Baptiste Metge, Henri Michaux, Myriam Mihindou, Margaret Miller, Joan Miró, Roméo Mivekannin, François Pain, Alejandro Parriego, Jean Paulhan, Perejaume, Josep Ponti Musté, Hans Prinzhorn, Marcel Réja, Alejandra Riera, José Roa, Mario Ruspoli, Enrique Sales, Salvadore Sales, Francisco Saura, Léon Schwarz-Abrys, Marguerite Sirvins, Nancy Spero, François Tosquelles, Hélène Tosquelles, Tristan Tzara, Romain Vigouroux, Gérard Vulliamy...

Commissariat :
Carles Guerra, Professeur à l’Université Pompeu Fabra et commissaire indépendant
Joana Masó, Professeure de littérature française à l’Université de Barcelone et chercheuse à la Chaire UNESCO Femmes, Développement et Cultures
Julien Michel, Attaché de conservation
Annabelle Ténèze, Conservatrice en chef et directrice des Abattoirs

Partenaires :
Centre de Cultura Contemporània de Barcelona, Barcelona
Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, Madrid
American Folk Art Museum, New York

L’exposition “La Déconniatrie” est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture / Direction régionale des affaires culturelles.
Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’État.

Itinérance en 2022 chez nos partenaires du Centre de Cultura Contemporània de Barcelone, et du Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía à Madrid ; en 2023 à l’American Folk Art Museum à New York.

             

 

The catalogue, co-published with Arcàdia, and the research are supported by the Fundació Privada Mir-Puig and the Fondation Antoine de Galbert.

 

 

Cette exposition est soutenue, entre autres, par les prêts de la Collection de l'Art Brut de Lausanne (Suisse) et de l'IMEC

         

 

Avec les contributions de :

     

L'exposition en images